Texte par Anne Marchand
Pour mettre ça simple par rapport à ma santé mentale, j’ai la tristesse facile et l’amour de soi difficile. Ça fait partie de moi, comme mon amour pour Steve Buscemi et ma bonne mémoire des chansons d’europop des années 2000 à la eiffel 65.
Il y a les bons et les mauvais jours. Ça fait partie de la vie. Et même si je m’en sors quand même pas pire la plupart du temps, une nouvelle ville loin de ma famille, une université, on le sait, ça peut taper sur le piton et faire grincer les dents, surtout quand comme moi tu commences à devoir faire des vrais efforts scolaires rendu au bacc. On est quelques uns à le savoir, la bonne étoile d’étudiant performante et paresseux finit par revenir nous poignarder dans le dos à un moment ou l’autre. Bref, mes systèmes pour me faufiler au travers des journées level hard n’étaient plus nécessairement pertinents.
C’est ainsi que j’ai rencontré Lénine lors de ma première session universitaire
Lénine (mon gros chat gris et non le révolutionnaire), c’est mon zoothérapeute personnel à domicile.
Les mauvaises journées, les vraies de vraies, c’est par ordre de mon thérapeute qui miaule comme un cave ou qui spinne dans le salon que je sors de mon lit. Des fois c’est pour l’engueuler d’être cave de même, d’autre fois c’est pour le nourrir ou juste le serrer dans mes bras. Dans tous les cas, lors des moments les plus difficiles, l’important c’est que je sois sortie de mon lit, point final. Le gros Lénine m’aide à faire ce pas immense.
Il y a quelque chose de tragi-comique de se rapprocher du cliché de vieille folle aux chats, d’autant plus que je vis le célibat, mais Lénine et moi on s’en sacre bin. J’y donne de la bouffe et de l’attention, il me donne le petit kick que j’ai besoin pour aller de l’avant quand ça va mal et c’est un deal qui nous convient à tous les deux. Rendus là, on est bin à l’aise avec les jokes.
Qu’est-ce tu veux, quand je suis loin de ma famille, que mes amis de l’université sont en paranoïa de mi-session, regarder cette boule de poils conne se battre contre une boule de papier me fait du bien.
Bien sûr, les services psychologiques offerts par un félin ne sont pas parfaits non plus (repose en paix, monsieur le cactus) et garder un félin en vie n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît, surtout quand ce félin a la fâcheuse habitude d’aller se coincer dans les pires endroits, genre DANS le plafond. Pour certains la zoothérapie, même pratiquée par les plus éminents félins, ne conviendra pas.
Mais pour toutes les personnes légèrement fêlées comme moi qui possèdent une animal, je parle de chat ici mais ça peut être un chien, un oiseau, un iguane, name it, on est en droit de s’assumer dans nos clichés, de remplir notre mémoire de cellulaire de photos de notre animal et de pogner les nerfs quand quelqu’un manque de respect à notre bébitte.
C’est peut-être juste un chat et je suis peut-être une folle aux chats mais lui pi moi on va se backer. Ou il va juste me griffer et partir et je vais le backer toute seule. Mais je m’assume et je suis fièrement une propriétaire de chat juste un peu dérangée.